Covid-19 : ma vie d’expatriée en confinement à Montréal

Pour limiter la propagation du Coronavirus, de nombreux pays ont pris des des mesures gouvernementales pour limiter la pandémie, y compris le Canada. Comment vivre la crise liée à la Covid-19 ? École, travail, confinement, gestion du gouvernement, courses, activités et voyages, voici ma vie d’expatriée en confinement à Montréal.

Ma vie d'expatriée en confinement à Montréal vivre avec la Covid-19

L’école et les universités

Pour commencer ma vie d’expatriée en confinement à Montréal, je dois vous parler des écoles et universités : réactivité, organisation, sécurité, reprise… Et oui j’ai 3 enfants donc je suis particulièrement concernée par ce point.

C’est le 12 mars que le 1er ministre du Québec a annoncé les 1ères mesures : fermeture des écoles pour 2 semaines et interdiction des rassemblements de + 250 personnes. Toutes les écoles ont fermées dès le lendemain.

La situation était critique. Nous étions dans les jours de reprise après la semaine de relâche. Il faut savoir que c’est l’unique semaine de congés au Québec, à part les congés de Noël. De nombreuses familles sont partis à l’étranger et les enfants sont tous revenus en classe, sans dispositions particulières, même pour ceux qui revenaient des pays à risques. Les cas ont commencé à faire leur apparition. 

Nous avons 3 fils, de 21 et 14 ans. Nous avons dû géré 3 situations très différentes.

Le collège réagit vite et ralentit le rythme

Le plus jeune est en secondaire 2 (équivalent du Collège). Le jour même de l’annonce du gouvernement, le personnel lui a demandé d’emporter toutes ses affaires au cas où la fermeture se prolongerait.

2 jours auparavant, nous avions reçu une information priant tous les parents de retour de voyage dans les pays à risques d’en informer le collège et de garder leurs enfants chez eux. Trop tard, ils étaient déjà de retour au Collège depuis 2 jours. L’interdiction des rassemblement de +250 personnes posaient problème : le collège compte 1500 élèves et la pause diner rassemble +250 personnes. Il fallait donc résoudre ce problème.

Ma vie d'expatriée en confinement à Montréal Les écoles et le Collège de Montréal

Le Collège a pris quelques jours pour s’organiser, tout en informant régulièrement parents et élèves. Les cours en ligne ont débuté 10 jours plus tard. Les élèves de ce collège sont déjà équipés et habitués puisque l’enseignement se fait avec un ipad : communication numérique, devoir en ligne, correspondance à distance… Une chance qui a permis aux élèves comme aux enseignants de s’adapter plus rapidement. 

Aujourd’hui, les écoles sont toujours fermées. Impossible de récupérer ses affaires oubliées, sauf l’essentiel (médicaments, lunettes, tablette). Les cours se font toujours en ligne. Le rythme est plus calme. Il est vrai que notre fils, actuellement en option sport, a par conséquent des cours qui ne sont plus dispensés. Il a également des facilités d’apprentissage, donc aucun besoin d’assistance de ses professeurs. Il fait ses devoirs très rapidement. Les copains lui manquent bien sûr, mais il reste en contact avec ses amis avec les applications comme Snapchat, WhatsApp et Instagram.

Aujourd’hui, la reprise des cours est étudiée, mais pose de nombreux problèmes. Bien sûr pour que le travail reprenne, les parents peuvent avoir besoin que leurs enfants retournent en cours. Mais comment garantir les distanciations sociales dans une classe de 35 élèves ? Et pour se rendre à l’école, il faut prendre le bus… Comment assurer leur santé ? Oui, ils ont peu de chance d’être malade, mais ils sont porteurs et peuvent ramener le Coronavirus à la maison. Si j’ai le choix, notre fils poursuivra ses cours en ligne jusqu’aux vacances, le 19 juin.  

L’université est en retard, mais s’adapte

Un des jumeaux est à l’Université. Son université a été la plus longue a prendre les mesures de suspension des cours. Pourtant le nombre d’étudiants étrangers est très important dans leurs programmes et beaucoup de jeunes sont revenus de voyage après la semaine de relâche. Suspension des cours tardive, puis suspension des examens et informations transmises au compte gouttes…

Ma vie d'expatriée en confinement à Montréal les universités s'adaptent

Aujourd’hui, les cours sont en ligne, les intras (ou examens intermédiaires) ont été fait à distance et les finaux se feront aussi en ligne. Il pourra donc valider son année universitaire. De nombreux étudiants sont rentrés dans leur pays. Certains son restés ici, n’ont plus de logement universitaire, de travail pour payer leurs études, de matériel adéquate pour travailler et sont très isolés. Chacun doit faire face à ses problématiques, parfois difficiles.

Il est vrai que les défis de l’université étaient importants : comment faire en sorte de poursuivre les cours à distance, même pour les TD, les laboratoires, les projets de groupe ? Comment faire pour organiser les examens à distance sans pénaliser les étudiants qui n’ont pas d’ordinateur, de bonne connexion WIFI ou qui sont en confinement dans leur famille avec des jeunes ou parents dont il faut s’occuper ? Et en tenant compte que les étudiants ont tous les cours et Google à leur disposition ?

Au final, les professeurs ont décidé de laisser plus de temps pour les examens et de laisser le choix aux étudiants de valider leur cours avec Succès ou Échec ou de prendre en compte les nouvelles notes dans leurs résultats (GPA). Aujourd’hui, notre fils a terminé ses cours et prépare ses examens finaux. Il aura terminé fin avril. Il devait faire un stage, mais toutes les offres ont été annulées. 

De la session d’études en Australie au rapatriement d’urgence à Montréal

Pour le dernier, nous avons dû faire face à une situation délicate. Il était en échange universitaire pour la session d’hiver, en Australie.

Covid19 échange universitaire en Australie

Il a reçu, dès le 13 mars, des courriels de son école et de son organisme de soutien de mobilité LOJIQ annonçant les recommandations du gouvernement de rentrer au Pays. Il avait donc le choix. Evidemment, son choix a été de rester là-bas puisque  les cours étant encore dispensés dans son université. Arrivé depuis moins de 2 mois, il voulait profiter du pays, de l’été et de la richesse d’un échange universitaire. Le nombre de cas était plus faible en Australie qu’au Canada et centralisés dans les grandes villes comme Sidney et Melbourne. Nous étions d’accord avec son choix.

Covid19 échange étudiant en Australie

Puis, quelques jours après, les messages sont devenus plus pressants et incitaient les canadiens à l’étranger de rentrer « tant que vous pouvez le faire avec les vols commerciaux ». En effet, les compagnies annulaient de nombreux vols, fermaient certaines lignes jusqu’en Novembre (dont Melbourne – Montréal) et les frontières commençaient à fermer un peu partout.

Dans le même temps, son université a décidé de mettre les cours en ligne. Mais pas de confirmation de l’Université Australienne que les examens seraient également en ligne. Et difficile d’accepter de rentrer, de quitter le soleil, la beauté du pays, les voyages prévus et son projet de l’année sans savoir si la session d’études serait validée. Dans le cas contraire, il pouvait perdre une année scolaire. À l’inverse, si la situation empire, que les avions restent au sol et que son visa prend fin, comment rentrer et ne pas rater la prochaine rentrée ici, en septembre ? 

Finalement, nous lui avons expliqué que les décisions gouvernementales et universitaires en Australie finiraient par être prises, que les vols se ferraient rares et qu’il serait plus sage de rentrer. Il a accepté de rentrer à Montréal. Après les difficultés pour joindre la compagnie aérienne et modifier le voyage, nous avons trouvé un billet d’avion pour le surlendemain, mais à prix exorbitant (+ 1200$ de frais de modifications sur un billet à 1700$).

Covid-19 Rapatriement au Québec

Après un voyage de 25 heures, 3 vols différents, 4 aéroports visités et les risques élevés d’être contaminé qui en découlent, notre fils est rentré, le coeur triste, mais en forme. Choc thermique, isolement de 14 jours, mesures de précaution dans la maison…il est en santé et en famille. 

Aujourd’hui, la majorité de ses amis en échange sont rentrés. En Australie, les écoles, universités et commerces sont fermés, mais pas de confinement. Les cours et les examens de son Université sont en ligne, avec des examens à distance, mais la nuit, décalage horaire oblige. Il poursuit sa session d’études, ici, à Montréal pour valider son année.

Pour conclure

Je suis heureuse d’avoir mes enfants avec nous. Tout d’abord le confinement est sans doute plus facile en famille, surtout que mes enfants sont grands et autonomes. Mais ensuite, en tant que parents, notre rôle est de les protéger et je me sens plus apte à le faire, tous ensembles sous le même toit.

Nous discutons de la situation, au Québec et à l’étranger, nous les freinons dans leurs envies de sortir, nous avons acheté des jeux pour les aider à s’occuper. Je suis sûre que notre bienveillance ressemble parfois à de la paranoïa ou de l’exagération pour eux, mais tant pis : au final, même si c’est maladroit, on veut seulement les protéger.

Le travail

Le gouvernement du Québec a demandé de réduire au minimum, à compter du  25 mars et jusqu’au 4 mai 2020, l’ensemble des services et activités qui ne sont pas prioritaires. Les entreprises et commerces jugés « non essentiels » sont donc tous fermés. À noter que le télétravail et le commerce en ligne sont permis en tout temps pour toutes les entreprises.

Depuis la semaine dernière, on parle de reprise graduelle. Certaines activités ont repris : les garagistes (on doit changer les pneus d’hiver), les paysagistes et les jardineries (les jardins on besoin de soins après l’hiver) et la construction résidentielle (ici on déménage le 1er juillet). 

La gestion de crise

Pour moi, la situation est particulière pour moi. Non seulement je travaille dans le service des communications, mais pour un organisme gouvernemental dont la mission est la mobilité internationale des jeunes.

En tant que française, je suivais de près la situation en Europe. Je me souviens que nous étions tous devant nos écrans à regarder François Legault en direct pour sa 1ère annonce officielle. Cela ne m’était pas arrivée depuis les attentats des tours jumelles aux Etats-Unis. Tous devant les écrans à écouter les mesures prises pour faire face à la crise du Coronavirus. 

Dès le lendemain, nous étions en mode gestion de crise : +1000 jeunes à l’étranger, 300 jeunes sur le départ et de nombreux projets validés pour les semaines à venir. Les journées suivantes ont été longues, très longues. Pour le service des communications, nous avons dû créer des pages spéciales sur le site web, mettre en place des lignes téléphoniques et courriels d’urgence, envoyer des courriel à tous les participants à l’étranger, assister les jeunes en difficulté…. Ma vie d'expatriée en confinement à Montréal le télétravail

Le télétravail à temps plein

Hasard ou chance, notre organisme a lancé le télétravail 3 semaines plus tôt. Nous étions donc tous équipés pour travailler à distance. Nous avons été « priés » de travailler de chez nous dès le surlendemain. Tous les employés étaient en sécurité et équipés pour poursuivre les activités, même gérer cette crise. Pour ma part, cela était un soulagement : j’ai 1h30 de transports en commun pour me rendre à la job (bus et métro). Les jours suivants ont été denses, mais toute l’équipe s’est mobilisée pour informer les participants et les assister dans leurs démarches de retour au pays.

Le télétravail, on en rêve tous. Pas de temps perdu dans les transports, une concentration plus importante pour les dossiers stratégiques… D’ailleurs voici nos 6 étapes clés pour la mise en place en entreprise. Mais le télétravail à 100% et pendant des semaines devient difficile.

Mon bureau me manque : grand écran et clavier, chaise de bureau confortable. Et mes collègues me manquent aussi : les « bon matin » souriants en arrivant, les petites discussions devant la machine à café, les pauses diner à commenter les lunchs de chacun, les réunions d’échanges. Toutes ces relations sociales me manquent. Sans oublier les 5@7 des jeudis soir, les petites attentions lors des fêtes, les bonnes nouvelles des naissances, les joie et éclats de rire, blagues et anecdotes….. 

En cette 6e semaine, nous commençons tous à mettre en place des événements, virtuels bien-sûr, pour pallier à notre isolement : 5@7 vidéo, photos, coups de coeur, portraits de collègues… Nous parlons tous de déconfinement, tout en sachant au fond de nous que ce ne sera pas pour tout de suite. Surtout pour ceux qui peuvent faire du télétravail. Alors j’ai décidé d’améliorer mon espace de travail pour me préserver : construction d’un nouveau bureau (merci Monsieur), récupération de mon grand écran au bureau, utilisation d’un casque pour les appels… C’est petit, mais mieux.Ma vie d'expatriée en confinement à Montréaléal : s'équiper pour le télétravail

Je suis chanceuse

Mais je relativise. J’ai toujours un travail et de nombreux dossiers à gérer. Depuis mon arrivée dans cet organisme, j’étais submergée par les nombreux projets à gérer et épuisée par un rythme de fou. Une fois la gestion de crise passée, j’ai retrouvé un rythme de travail normal.  Cette crise nous a aussi permis de faire tout ce que nous n’avions jamais le temps de faire : mettre en place de nouveaux outils, analyser nos outils externes, consolider notre nouveau site web… 

C’est aussi l’opportunité de nous renouveler : comment poursuivre nos communications en cette période, quels sujets intéressent nos cibles, comment rester positifs, comment aider la communauté à faire face ? De beaux challenges que nous relevons, en équipe.

Même si l’avenir à long terme me préoccupe, je ne suis pas dans une situation critique comme de nombreux travailleurs dans le monde. Et lorsque le moral baisse, je pense aux travailleurs essentiels qui se mettent en danger pour les autres : personnel de santé, chauffeurs, livreurs, vendeurs… Puis tous ceux qui ont perdu leur job. Et je vais mieux. 

Le confinement

Respect des consignes depuis le début

Depuis le 13 mars, nous sommes confinés. Nous avons pris la situation au sérieux dès le départ. Oui, au Québec, le nombre de morts étaient très faible lors des 1ères mesures. Mais nous suivions de près la situation en Europe, en particulier en France. C’était déjà la catastrophe et nous savions qu’aucun pays ne serait épargné. Prendre des mesures préventives étaient une bonne décision. Le problème a été de convaincre les québécois. 

Ma vie d'expatriée en confinement à Montréal : Télé journal du QuébecIci, les actualités sont principalement centrées sur le Québec, le Canada et éventuellement les États-Unis. On parle peu de l’international, sauf si un Canadien ou québécois est impliqué. Pour le sport, on parle essentiellement des québécois et canadiens. Et pour le Coronavirus, c’est pareil. On a parlé de la Chine, mais peu. On a parlé de l’Italie, mais très peu. On a beaucoup parlé des croisiéristes, parce que des québécois se trouvaient à bord. J’exagère, mais pas tant que ça.

La conséquence a été que les québécois n’ont pas eu conscience tout de suite du danger de ce virus. Les mesures n’ont pas été respectées par tous. De nombreux jeunes continuaient à se rassembler, des commerces ne prenaient pas de mesures de précaution, certains voisins sortaient faire des courses 5 fois par jour. Au final, les mesures se sont resserrées et les amendes sont désormais très dissuasives : 1000 à 6000$ par personne (on est loin des 135€ en France). 

De notre côté, nous sommes confinés avec télétravail ou études en ligne depuis le 13 mars. Aucune sortie pour la 1re semaine. Encore moins après l’arrivée de notre fils d’Australie la semaine suivante. Dès son retour, nous avons appliqué les mesures de précautions dans la maison, mais nous nous sommes aussi considérés en isolement car en contact, même indirect, avec notre fils. Et nous poursuivons de même ces dernières semaines.

Epicerie en ligne et achats essentiels uniquement

Courses en ligne en confinement à MontréalNous avons décidé d’éviter de fréquenter les commerces de manière générale. Peu avant le confinement, je faisais déjà mes courses en ligne avec cueillette en magasin. Nous poursuivons nos courses en ligne, mais avec livraison. Et croyez-moi, il faut être motivée, car les difficultés sont nombreuses : connexion sur les sites, ruptures de stocks de certains produits de base, manque de plages horaire de livraison disponibles (10 jours de délai) et manquants à la livraison (produits commandés non livrés). 

Et à chaque livraison, il faut passer une nouvelle commande pour éviter les ruptures. Pour les légumes, je les stocke au frais, avec un second frigo au garage. Pour la viande, je la congèle en portions dès réception. Et pour le pain, nous sommes tout près de Première Moisson, qui nous livre gratuitement pour toute commande de 20$. On se fait livrer 1 fois / semaine et on congèle.

Quant à la pharmacie, j’ai du y aller la semaine dernière. Après 20 minutes d’attente devant, je suis rentrée dès la sortie d’une autre personne pour ne pas être trop dans le magasin. Une personne à l’entre prend ta température, te donne du gel pour te désinfecte les mains et recommande le port du masque. Des plexiglas protègent les pharmaciens et caissiers. Une visite sécurisante. On peut aussi se faire livrer à domicile.

Cuisine maison au programme

Au final, je cuisine davantage. C’est vrai que faire les repas pour 5, 3 fois par jour, pour 5 personnes dont 3 enfants qui mangent beaucoup, est parfois compliqué. Mais j’ai la chance d’avoir un robot culinaire depuis peu avec de nouvelles recettes. Chacun essaie des recettes différentes et nous apprécions de les déguster en famille. Reste à surveiller notre ligne. Car bouffe sans sport = kilos supplémentaires potentiels. 

Ma vie d'expatriée en confinement à Montréal : on cuisine davantage

Et si le restaurant vous manque, beaucoup d’entre eux livrent via les applications spécialisées UberEat, DoorDash, Skip….Une belle façon de les soutenir dans cette crise sans précédent pour ces professions.

Sorties limitées

Nos sorties sont limitées à une marche par jour, dans le quartier. C’est vrai qu’on commence à connaitre les rues alentours par coeur. On s’amuse à commenter les belles maisons de Hampstead, à admirer les jardins. Bien entendu, on garde les 2 mètres de distance sociale lorsqu’on croise des personnes. 

Nous avons la chance d’avoir un jardin, mais le printemps québécois est frette. On a eu beaucoup de pluie et même avec du soleil, les températures restent fraiches, en dessous des normales saisonnières. Pas encore le temps de déjeuner dehors ou de lire allongée au soleil. En même temps, le mauvais temps limite les sorties excessives des québécois. Les jours de soleil et chaleur, le parc du Mont-Royal a vu le nombre de visiteurs exploser. Et il a du fermer ses parking, limiter ses entrées et faire circuler des brigades pour éviter les rassemblements. 

On a commencé à faire quelques petits travaux de finition dans la maison. Peindre les portes, pendre les étagères, installer les décorations. Mais les matériaux viennent vite à manquer. Nous pourrions aller en acheter car les magasins de bricolage sont ouverts. Mais avant chaque sortie, nous nous posons les questions suivantes : est-ce essentiel ? Le risque est-il indispensable ? Pour le moment, non. 

Occupations diversifiées

En confinement à Montréal, il faut trouver des occupations. On s’occupe du jardin : ramassage des feuilles, entretiens du gazon, taille des arbres. Ce n’est pas une activité que j’apprécias particulièrement jardiner permet de sortir prendre l’air, et de penser à autre chose que cette crise. J’aimerai beaucoup planter des fleurs dans notre jardin. C’est tellement motivant et agréable pour patienter avant l’été. Mais pour les plantes, il faut les voir physiquement. Et je ne suis pas encore décidé à me rendre en magasin, même si les jardineries viennent de rouvrir. 

Depuis 1 semaine, Monsieur construit un cabanon de jardin. Pour les matériaux, il a commandé en ligne et récupéré les articles sur le parking, sans aucun contact. Une belle occupation pour lui et pour les enfants qui l’aident. 

Sinon, j’ai trié mes photos et décidé de réaliser les albums photos des 2 dernières années. J’ai repris le yoga, mais à la maison grâce aux séances gratuites en ligne. Enfin, je poursuis mes billets sur le blogue et je reste active sur les réseaux sociaux.

Et les enfants ?

Les enfants s’occupent avec les jeux vidéos, les séries, les réseaux sociaux et les discussions virtuelles. Ils vont souvent dans le parc situé à 2 minutes de la maison pour jouer au foot ensemble. Très sportifs, ils ont changé leurs habitudes : footing, séances de musculation à la maison, défis sportifs entre amis… Nous avons également acheté des jeux d’extérieur comme le spike-ball, le ping-pong, les fléchettes. Le plus jeune dessine beaucoup.

Ma vie d'expatriée en confinement à Montréal : les activités des enfants

La gestion du gouvernement

Je dois dire que nous analysons souvent la gestion de crise faite par le gouvernement. Nous la comparons à celle des pays européens et des autres pays. Et nous notons plusieurs différences.

Les ministres communiquent  

Tout d’abord, vous devez vous rappeler que nous avons 2 ministres : François Legault pour le Québec et Justin Trudeau pour le Canada. Chacun ne disposent pas des mêmes pouvoirs et les décisions doivent être prises avec cohérence.

Les 1ers ministres ont rapidement pris les mesures incontournables pour limiter la propagation du virus de la Covid-19.

Fermeture des écoles pour commencer, interdiction des rassemblements de plus de 250 personnes puis 50 personnes, confinement des personnes à risque, fermeture des commerces non essentiels, fermeture des frontières du Canada, fermeture de tous les commerces le dimanche, interdiction de sortir de sa région, voire de son quartier, suppression des visites dans les maisons de retraites… Au Québec, comme au Canada, le gouvernement annonce ses mesures progressivement : chaque jour, une annonce, une mesure. 

Le Canada déploie les grands moyens

Ensuite, ils ont déployé les aides économiques indispensables pour soutenir les canadiens face à leur perte de travail et de revenus. Oui, la catastrophe économique est bien là.

Ici, les aides fédérales et provinciales sont accessibles facilement et concernent de nombreuses personnes. Par exemple, toutes les personnes qui ont perdu leur emploi suite à cette situation et qui ont gagné plus de 5 000 $ dans l’année précédente ont droit à la prestation canadienne d’urgence (PCU), de 2 000$ / mois.  Même ceux qui n’ont pas droit au chômage. Une simple inscription en ligne, une réception de l’aide par virement quelques jours seulement après la demande. La vérification se fera plus tard. Et le Canada vient d’annoncer une aide pour les étudiants, qui ne trouveront pas de job cet été pour les aider à fiancer leurs études.

Les entreprises reçoivent 75% des salaires pour maintenir leurs emplois. Les formations des employés sont prises en charge à 100% pendant cette période. Les paiements des prêts bancaires peuvent être différés, les taux des cartes de crédit ont baissés… Certains diront que ce n’est pas suffisant. Sans doute. Mais comment faire face à cette catastrophe économique ?

Les gouvernements s’exposent

Enfin, les gouvernements sont pragmatiques et s’exposent. Chaque jour, même le we, depuis le début de la crise, les ministres québécois et canadiens tiennent un point presse.

Covid-19 le point presse au QuébecCertes ils donnent les nouveaux chiffres, annoncent de nouvelles mesures ou aides. Mais ils répondent aussi aux questions, parfois rudes, des journalistes. Quel gouvernement en fait autant ?

Bien sûr, ils ont fait des erreurs : faire confiance aux jeunes pour respecter le confinement alors qu’ils se sentent invincibles, attendre le feu vert des États-Unis pour fermer les frontières du Canada, ne pas imposer l’isolement des canadiens de retours au pays, ne pas vérifier la situation dans les maisons de retraites.

Mais personne n’est préparé à gérer une crise pareille. Et je ne voudrais pour rien au monde être à leur place : prendre les mesures pour préserver l’économie, tout en garantissant la sécurité. Sans compter sur les relations diplomatiques entre les provinces et les pays dont notre économie dépend fortement. 

Les résultats, encourageants au départ, s’aggravent

Au final, 6 semaines après le début des mesures, le Québec compte – de 1000 morts. Prenons le nombre de morts par million d’habitants, le seul chiffre objectif pour faire des comparaisons. On ne peut pas comparer le nombre de cas, car les tests ne sont pas réalisés dans les mêmes proportions dans tous les pays. Plus on teste, plus le nombre de cas est important. 

Décès par million d’habitants au 21 avril 2020 : 

  • Espagne : 455
  • France : 310
  • Etats-Unis : 129
  • Province du Québec : 122
  • Canada : 50
  • Allemagne : 58
  • Province de l’Ontario : 46

Au niveau des hospitalisations, nous restons en dessous de 1250 dont 201 en soins intensifs pour une capacité de 6000 lits. Donc les efforts des québécois et les mesures prises par le gouvernement sont plutôt encourageants.

Mais les décès en maison de retraite ont fait exploser les chiffres de mortalité liée à la Covid-19. En se focalisant sur la population, le gouvernement a oublié les plus vulnérables, les aînés. 

Covid-19 décès au Québec Les autres provinces du Canada ont obtenu des résultats beaucoup plus satisfaisants.

Et ces derniers jours, les messages se contredisent : retour à l’école annoncée mais pas pour tous, port du masque recommandé contrairement aux 1ers messages, reprise des travailleurs malgré les risques pour s’immuniser avant l’automne alors que nous devions rester en confinement… En fait, ne voyant aucune issue sanitaire et l’économie qui s’écroule, le gouvernement semble ne plus savoir quoi faire.  

Ma vie d’expatriée en confinement et ses conséquences

Enfin, ma vie d’expatriée en confinement à Montréal est forcément influencée par l’éloignement de la famille, des amis, les voyages pour leur rendre visite ou les accueillir chez nous. Avec les interdictions de voyage et le confinement, la situation devient différente, parfois problématique.

Éloignement de la famille et des amis

Nos familles respectives sont en France. Il est vrai que de savoir nos mamans en France est inquiétant : si quelque chose leur arrive, nous ne pourrons rien faire, si loin d’elles. Nous les appelons beaucoup plus souvent, avec des appels vidéos. Nous les questionnons pour savoir si elles respectent le confinement, mais nous devons les croire sur parole.

Pour les amis, finalement nous les appelons plus souvent qu’avant la crise. Nous partageons nos quotidiens respectifs. Par contre, les apéros virtuels sont difficiles à organiser à cause du décalage horaire.  Je poursuis encore mes publications de monblogquebec sur les réseaux sociaux, car je sais que nos familles et amis nous suivent. 

À Montréal, nous organisons des apéros en famille : un verre de vin avec nos enfants pour profiter du jour présent et nous procurer un petit moment de fête.

Les voyages

Je tiens à aborder ce point car il est incontournable. Beaucoup d’entre vous ont planifié un voyage : visite de la famille, découverte du Québec ou Canada, voyage pour les vacances. Qu’en sera-t-il ? Une chose est sûre : personne ne peut prévoir la situation dans quelques semaines, encore moins dans plusieurs mois.

St Férréol des neiges Nature sauvage

Notre fils devait visiter la famille et ses amis en France. Des membres de la famille et des amis avaient planifié leur visite cet été à Montréal. Nous nous sommes fait à l’idée que tout sera reporté. Il est fort probable que les frontières restent fermées pour les voyages non essentiels, même cet été. Les compagnies aériennes annulent de nombreux vols et seules les lignes les plus fréquentées restent ouvertes, avec des prix en forte hausse. 

Dans tous les cas, la situation ne reviendra pas à la normale avant la découverte d’un vaccin, sa disponibilité pour tous les hommes, dans tous les pays du monde. Alors l’horizon de retrouver notre vie d’avant la Covid-19 s’éloigne. Et c’est pourquoi, il est plus sage de reporter les voyages prévus.

Pourquoi venir découvrir le pays, alors que les festivals sont annulés, les restaurants sont fermés, les québécois si agréables sont stressés, les contacts sont modifiés ? N’est-il pas préférable d’attendre de bonnes conditions pour profiter à fond du voyage ? Notre fils ne se rendra pas en France pour ne pas profiter à fond de ses vacances. Ma maman ne viendra pas nous voir en prenant des risques pour sa santé lors de son voyage en avion. Nous préférons reporter à l’été prochain, si tout va bien.

Nous sommes tous déçus. Mais nous devons être réalistes et surtout raisonnables afin de lutter contre ce virus dévastateur. Et nous apprécierons sans aucun doute davantage notre vie, nos loisirs et nos voyages une fois cette crise sanitaire mondiale passée. Et je pense que nous pourrions même réfléchir à changer certains comportements : achats locaux favorisés, tourisme raisonné, autonomie des pays repensée… 

Et l’avenir ?

Voilà, vous en savez plus sur ma vie d’expatriée en confinement à Montréal et sur la situation au Québec. Nous sommes chanceux, en famille, dans une maison agréable à vivre. Malgré tout, le confinement est difficile à supporter. Tout d’abord, nous ne sommes pas préparés pour l’isolement total et personne n’est vraiment fait pour vivre cette situation. Ensuite, l’angoisse est présente : les actualités sont toutes centrées sur cette crise sanitaire et mon travail m’oblige à suivre la situation de prêt. Puis, comment ne pas se faire de soucis pour nos familles si loin de nous ? 

Ma vie d'expatriée en confinement à Montréal

Enfin, les issues deviennent de plus en plus lointaines, les projets de voyage estival tombent à l’eau, les joies de l’été, si court au Québec, s’envolent. Mais, il faut rester positifs. Il faut continuer de suivre les directives gouvernementales pour nous protéger, mais aussi protéger les autres. Et sauver des vies.

Pour la reprise économique, nous restons confiants. Nous avons la chance d’avoir une économie en très bonne santé avant cette crise. La reprise sera sans doute plus facile ici que dans certains pays. Restons positifs, ça va bien aller. Et surtout prenez soin de vous !

6 réflexions sur “ Covid-19 : ma vie d’expatriée en confinement à Montréal ”

  • 25 avril 2020 à 1:29 PM
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    Bonjour,
    Merci pour votre article, il est très intéressant et me permet de constater que nous vivons un peu la même chose malgré les milliers de KM qui nous séparent.
    Les étapes du confinement en France sont assez proches, les erreurs du gouvernement aussi, mais comme vous le dites très justement, c’est une situation très difficile à gérer et pour rien au monde je ne voudrais être à leur place.
    L’important étant que nous et nos proches soient en bonne santé.
    Etant d’un naturel optimiste, je vois des avantages à toutes situations et je dois avouer que j’apprécie beaucoup les journées en famille, et nous avons la chance d’avoir un très beau temps depuis le début, ce qui nous permet de profiter du jardin et de bricoler.
    La seule différence avec vous c’est que nous ne travaillons pas du tout donc j’avoue que le temps commence à être long.
    Je vous souhaite beaucoup de courage pour la fin de ce confinement.
    Prenez soin de vous
    Valérie

    Réponse
    • 25 avril 2020 à 6:06 PM
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      Bonjour Valérie,
      Merci de partager avec nous un peu de votre quotidien. Prenez soin de vous aussi et au plaisir.

      Réponse
  • 27 avril 2020 à 3:09 PM
    Permalink

    Merci Christel pour cet Article super complet ! Je me retrouve forcément beaucoup dans les sentiments que tu évoques… C’est mon premier hiver à Montréal et je dois avouer que j’attendais avec impatience l’été, les festivals… tout sera différent maintenant… mais on peut s’estimer heureux d’avoir la santé et d’être auprès de nos proches.

    Réponse
    • 28 avril 2020 à 7:01 PM
      Permalink

      Bonjour Jenna,
      Merci pour ton retour sur cet article et pour partager ton sentiment avec nous.Cette période exceptionnelle est difficile et il est vrai qu’à Montréal les festivités, sorties, terrasses nous permettent de profiter de l’été à fond pour pouvoir affronter l’hiver suivant. Et cette année ce sera différent. Mais restons positifs.
      Prends soin de toi.

      Réponse
  • 7 juillet 2020 à 6:51 PM
    Permalink

    Bonjour Chrsitel,

    Nous avons le projet de venir au Québec pour 2021 en famille (parents ~45 ans + 2 enfants de 8 et 13 ans). Est ce que le marché de l’emploi reste dynamique ?
    Je suis dans l’informatique et Madame dans la restauration collective.
    Sinon, quelles autres provinces (+francophones même si un peu anglophones )nous conseillez vous ?

    C’est un projet familial, de travail ,de dépaysement mais aussi éducatif et découverte pour les enfants

    Qu’en pensez-vous ? Des conseils en cette période particulière

    Réponse
    • 14 juillet 2020 à 11:32 AM
      Permalink

      Bonjour,
      La Covid-19 a freiné l’économie dans de nombreux pays et le Canada n’a pas été épargné. Le marché de l’emploi commence a repartir doucement et ce sera sans doute long, en particulier dans certains secteurs particulièrement touchés comme le commerce, la restauration et le tourisme.
      Pour le choix de la province, c’est une question très personnelle. Sachez que les démarches sont différentes au Québec avec le CSQ en plus. Et c’est aussi la Province qui a la plus forte imposition au Canada. A vous de voir avec vos motivations, vos profils, les opportunités et vos envies.
      Bonne continuation et vivement l’après COVID-19 !

      Réponse

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