Après un parcours long et difficile, nous sommes enfin Résidents Permanents. Et lorsque l'on nous demande les raisons de notre expatriation, la principale est de pouvoir offrir un meilleur avenir à nos enfants. Nos jumeaux, âgés de 18 ans, sont partis s'installer avec nous à Montréal, leur baccalauréat français en poche. Et ils ont choisit d'étudier au Québec. Voici notre expérience pour comprendre le système universitaire et choisir le programme le plus adapté.
Étudier au Québec : comprendre le système
Les équivalences de diplômes
En premier lieu, nous nous sommes renseignés pour comprendre le système universitaire québécois. Les études universitaires commencent après le Diplôme d'Etudes Collégiales (DEC). Il faut savoir que les québécois le passent après 13 années de scolarité, soit une année de + que les français. Et que ce diplôme est très différent de notre baccalauréat français.
Juridiquement, il n’existe pas d’équivalence entre les diplômes français et québécois. Cependant, les arrangements de reconnaissance mutuelle (ARM) entre la France et le Québec cadre la reconnaissance des diplômes. Il établit notamment que le baccalauréat français et le DEC québécois sont les diplômes donnant accès à l’enseignement supérieur en France et au Québec. Nos enfants, diplômés du baccalauréat français, peuvent alors postuler pour intégrer une université au Québec.
L'année préparatoire
Toutefois, dans certaines écoles, les étudiants français doivent obligatoirement suivre une année préparatoire. C'est le cas, par exemple, de HEC ou Polytechnique Montréal. Cette année permet aux jeunes de s'habituer au système d'enseignement nord-américain, d'acquérir les connaissances et aptitudes indispensables pour pouvoir intégrer le cursus choisi (en apprenant les notions étudiées lors des 2 dernières années avant le DEC) et de comprendre le système de notation très différent de celui de la France. Et, par conséquent, se donner ainsi les meilleures chances pour réussir.
Pour nos enfants, je peux vous dire que cette année préparatoire n'a pas été inutile. Ils ont acquis les bases indispensables pour la suite, en particulier en mathématiques (programme différent de celui de la France) et en économie. Ils ont aussi testé les examens et apprivoisé le système universitaire.
Le bachelor ou baccalauréat québécois
Le Québec compte 18 universités, avec 2 langues d'enseignement selon les campus : le français ou l'anglais. Le programme de 1er cycle le plus commun est le baccalauréat ou bachelor (différent de notre baccalauréat français obtenu en fin de lycée). Inspiré de la tradition d'éducation anglo-saxonne, le baccalauréat québécois dure généralement 3 ans. Il comprend 90 crédits, soit 30 crédits / an. Toutefois, dans certaines disciplines, le baccalauréat comprend 120 crédits, soit 4 ans d'études.
En second cycle, la majorité des institutions universitaires québécoises offrent 3 types de programmes : la maîtrise, le diplôme d'Etudes Supérieures Spécialisées (DESS) et le microprogramme (ou programme court). Tous ces diplômes sont bien évidemment tous reconnus internationalement.
Les étudiants français bienvenus
De nombreux étrangers ont choisi d'étudier au Québec
Le Canada, tout comme la province du Québec, met en place depuis longtemps une politique d'accueil attractive pour les étudiants étrangers. Etudier au Québec permet donc de bénéficier des avantages issus de l'entente entre le Québec et la France : reconnaissance et équivalence des diplômes français, formalités relativement simples (CAQ, Certificat d'Acceptation du Québec et Permis d'Etudes), partenariat en terme de couverture sociale, frais de scolarités réduits, permis de travail pour les étudiants facilité (important pour pouvoir financer en partie ses études).
En 2016, 38000 étudiants internationaux se sont inscrits dans les universités québécoises, principalement à Montréal. Et les français sont plus de 10000 chaque année. Une fois le diplôme obtenu, la province, comme le pays, incitent les étudiants étrangers à s'installer au Québec.
Les avantages pour les français
Dans la belle province, les frais de scolarité sont différents selon les étudiants : les Québécois, les Canadiens hors Québec et les étudiants étrangers. Toujours grâce à l'entente Franco-Québécoise, tous les étudiants français disposent du même tarif que les Canadiens. A titre d'exemple, voici les frais de scolarité pour un Bachelor à l'UdeM (30 crédits/an) pour les étudiants (2017) :
- Québécois : Droits de base 79$CAD/crédit soit 2370$/an
- Français et Canadiens : Droits de base 79$CAD + droits supplémentaires 167$/crédit soit 7380$/an
- Etrangers : Droits de base 79$CAD + droits supplémentaires 466$/crédit soit 16350$/an
Les frais de scolarité sont payables le mois suivant le début des cours, le temps de valider le choix de sa formation. A noter que ces coûts restent parmi les + bas d'Amérique du Nord.
Et qu'en est-il des étudiants ayant le statut de Résident Permanent ? Et bien, s'ils disposent du CSQ, ils sont considérés comme des québécois. Le tarif appliqué est donc celui des étudiants québécois.
L'année universitaire
Ici, l'année universitaire se découpe en sessions : automne, hiver et été. Le programme le + courant se déroule sur 2 sessions. Selon les programmes, il est donc possible de démarrer ses études à l'automne (en septembre) ou en hiver (en janvier). Au cours de chaque cycle, il faut acquérir environ 15 crédits, ce qui correspond à un plein temps. Les étudiants déterminent alors leurs cours, certains étant obligatoires et d'autres à choisir.
Au cours de chaque session, l'étudiant doit généralement passer des examens intermédiaires, appelés "intra". Puis, le cycle se termine par les "finaux", validant les cours. Si l'étudiant réussit, il valide son cours. Les cours du cycle suivant sont alors différents. La moyenne de passage est de 60%. Sinon, il devra suivre à nouveau ce même cours, pour repasser l'examen et le valider.
Un enseignement reconnu
Les principales différences
Il faut savoir que le système universitaire est différent du système français, tant dans la pédagogie que dans l'organisation des cours et les procédures d'évaluation. Les universités Québécoises sont réputées pour la qualité de leur enseignement. Leurs objectifs d'enseignement sont l'autonomie et la responsabilisation des étudiants. Simplicité et efficacité sont les mots d'ordre.
Mais quelles sont ces différences ? En voici quelques unes : interactivité avec les enseignants, contrôle continu important, travaux collectifs en groupes, application pratique des théories et organisation des cours par session (automne, hiver et été). Ici, la majorité des diplômes sont universitaires. Pas d'école privées.
Témoignage d'Arthur, après quelques mois : "Ce que je j'apprécie dans ma formation actuelle, c'est que les matières sont vraiment appliquées à la formation choisie, donc très concrètes De plus, on nous enseigne les principes de base de la métacognition. Cela nous permettra de nous adapter au monde professionnel et surtout aux métiers qui n'existent encore pas aujourd'hui. Etre opérationnel, même pour demain."
Les infrastructures
Pour finir, les établissements québécois d’enseignement supérieur sont dotés d’infrastructures ultramodernes (salles informatiques, espaces de travail confortables, laboratoires de haute technologie, salles d’informatique, installations sportives, salles de spectacles...), quelles que soient leur taille et leur localisation. Plusieurs établissements québécois bénéficient d’une réputation mondiale et comptent parmi les campus les mieux équipés du globe.
Nos enfants ont choisi d'étudier à HEC et Polytechnique, sur le campus de l'Université de Montréal (UdeM). Ils disposent d'infrastructures sportives exceptionnelles. Ils ont accès au Cepsum, moyennant une cotisation annuelle attractive (40$). Les équipements sportifs sont nombreux : piscine olympique, patinoire, salle de gym, salles d'entrainement, murs d'escalade et même sauna et bain tourbillonnant... soit plus de 250 activités sportives.
Une relation particulière avec les enseignants
C'est ce qui étonne sans doute le plus les français. Au Canada, le rapport enseignant-étudiant est décomplexé. Les professeurs sont proches de leurs élèves. Ils dispensent leur savoir-faire tout en restant très accessibles. Les étudiants peuvent leur envoyer un mail (et ils répondent très vite), être amis sur Facebook, texter sur Messenger ou les rencontrer en fin de cours. Les notes peuvent être discutées, sans pour autant remettre en question la notation du professeur.
Au Québec, le tutoiement est de rigueur, mais il n'empêche en rien le respect. Les retards et les bavardages ne sont pas tolérés par les enseignants, voire même considérés comme irrespectueux par les autres étudiants.
Montréal élue meilleure ville étudiante au monde
Pour étayer cet article, il faut savoir que Montréal a été classée "Meilleure ville étudiante du monde" en 2017. La ville est passée directement de la 7ème position à la 1ère place, devant Paris (en tête depuis 4 ans) et Londres. L’étude, effectuée annuellement par l'institut Quacquarelli Symonds (QS), se base sur 18 critères classés en 5 grandes catégories : classement des universités de la ville, multiculturalisme étudiant, attractivité, employabilité et coût de la vie.
Montréal excelle dans toutes les catégories et particulièrement dans la nouvelle catégorie : Student View, à savoir le point de vue de 18000 étudiants et diplômés. La métropole québécoise est appréciée pour sa convivialité, son hospitalité, sa diversité, sa vie abordable mais aussi pour l'envie d'y rester. C'est sûr, Montréal est l'endroit où il fait bon étudier.
Les perspectives économiques sont encourageantes
Pour finir, étudier au Québec s'avère aujourd'hui un excellent choix pour l'avenir. Les études universitaires en France sont bien entendu très qualitatives. Nous avons nous même étudié dans ce pays et nous avons très bien réussi notre carrière professionnelle. Mais ici, les perspectives économiques du pays sont particulièrement attirantes. L'économie canadienne devrait progresser de 2,3% en 2017. Cette année, les dépenses des ménages et du secteur public constituent les principaux moteurs de la croissance économique. Le marché de l'emploi est exceptionnellement bon : le taux de chômage atteint son record le plus bas avec 5,4%. L'emploi augmente d'environ 2%, la population est vieillissante, de nombreuses entreprises sont à reprendre... des indicateurs encourageants pour un étudiant sur le marché du travail une fois diplômé.
Étudier au Québec : bilan 4 ans après
Pour ma part, voici un bilan 4 ans après. Commençons par Arthur. Il a terminé son BAA (Baccalauréat en administration des affaires) à HEC en avril 2021. Il avait choisi le cycle trilingue, le marketing numérique et une session à l'étranger. Il s'est beaucoup investi dans la vie étudiante, notamment dans les associations universitaires et les jeux du commerce pour représenter son école. Il a terminé son programme avec la mention d'excellence.
Pour mettre en pratique ses apprentissages et acquérir de l'expérience sur son CV, il a effectué un stage à temps partiel lors de sa dernière session et un stage de fin d'études. Ici, les stages sont rémunérés comme un emploi : +20$/h. Malgré plusieurs offres d'emploi, il a choisi de poursuivre ses études avec une maîtrise dans une école anglophone : The John Molson School of Business à l'Université Guy Concordia.
Hugo, après une session à l'UdeM, a intégré Polytechnique et suit le programme génie informatique pour devenir ingénieur. Ce programme dure 5 ans, dont une année préparatoire. Il a lui aussi effectué un stage rémunéré en 3e année. Son employeur lui a proposé de poursuivre à temps partiel et de l'embaucher dès la fin de ses études.
Le marché du travail est très dynamique ici, même en période de pandémie et la pénurie de main d'oeuvre joue en faveur des jeunes diplômes. Nous sommes venus pour offrir un meilleur avenir à nos enfants et je suis persuadée que notre choix a été pertinent. Non seulement ils vont trouver assurément du travail, mais pourront même négocier leurs conditions et choisir leur employeur.
Si vous souhaitez en savoir plus :
Bravo
Tout est clair !
Bon vent à vous
Notre fille étudie depuis septembre à l’Udem et nous irons en août 2018 explorer la région
Famille de Montpellier
Merci à vous ! Je suis persuadée que votre fille est ravie d’étudier au Québec. Et vous, vous allez découvrir une région magnifique ! A bientôt.
Bonjour , j’ai pour projet d’aller étudier l’année prochaine à Montréal mais je ne comprends pas l’histoire des crédits. Et c’est aussi cher pour les français, parce que ce sont quand même des universités ? Merci
Bonjour, les crédits correspondent aux UE = Unités d’enseignement en France. Ils permettent de définir puis de valider les cours du cursus choisi. Quant au prix, c’est vrai que c’est plus cher qu’en France. Mais le Québec est libre de définir les prix, en particulier pour les étrangers qui décident de venir étudier ici. Les Québécois paient moins cher que les Canadiens et les Français et les autres étrangers. Bonne continuation.